Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 janvier 2006 4 19 /01 /janvier /2006 00:00
Avec un titre comme ça sur un blog classé « journaux intimes », je ne doute pas qu’on va faire exploser le compteur. :-b

Mon père fumait la pipe en conduisant l’auto le dimanche et ça me rendait malade. Depuis, les fumeurs de pipe ne m’inspirent pas beaucoup de sympathie (à part Bové). L’autre jour, j’ai failli mettre mon poing dans la figure d’un prof d’université qui prenait l’ascenseur avec sa pipe allumée, entouré d’étudiants qui n’osaient pas intervenir. Il m’a fallu des heures pour évacuer cette émotion — le regret de ne pas être passé à l’acte plus la peur rétrospective des conséquences de mon geste… J’ai réalisé que cette violence touchait quelque chose de plus profond, le souvenir de la pipe de mon père, et bien entendu ce que le mot évoque en association avec une pratique sexuelle. (J’y viens, ne zappez pas !)

C’est un effort violent pour moi de rapprocher les mots « pipe » et « père » (encore pire, « papa »). Ce qui me met en mémoire que dans l’Antiquité on condamnait à mort l’enfant qui aurait aperçu le phallus de son père. Sans aller jusqu’à Freud, le mythe de Cronos n’est pas loin. Mais je m’égare…

Il y a très peu de temps que je connais le mot « fellation ». (Et hop, le compteur !)

Autrefois, quand je l’entendais, je l’associais à l’idée du fouet et de la punition, d’après le contexte de la conversation, et comme le registre sado-maso n’est pas ma tasse de thé on en restait là. Même chose avec « sodomie », mais on en parlera plus tard… Ça veut dire que le contexte me parlait de culpabilité, de soumission, et d’un objet désigné comme instrument de punition. Tout cela devient limpide (si je peux dire) grâce à l’article de Christine Havrot signalé par Ligérienne dans « Le regard pornographique sur la fellation ». Je commence à apercevoir quelque chose de pervers dans la pornographie au-delà des questions de morale, d’esthétique et de non-consentement mutuel.

Pour des raisons purement physiologiques, je ne doute pas que la fellation soit une source de plaisir pour tous les hommes. Et pourtant, il y en a (j’ai entendu des témoignages) qui repoussent avec dégoût les femmes qui en prennent l’initiative. C’est dire que le jugement moral/social peut être négatif au point de les faire renoncer à un plaisir intense, irremplaçable, et à faibles risques (en termes de contamination et de fécondation). Prendre l’initiative, comme l’écrit Christine, c’est risquer de se faire traiter de pauvre pétasse par une majorité d’hommes qui ont une idée très conservatrice des plaisirs autorisés chez la femme. Lesquels ne peuvent pas s’imaginer que leur partenaire ait pris l’initiative pour autre chose que leur faire plaisir à eux en surmontant son dégoût…

Ensuite il y a la question des saveurs. Même dans la littérature érotique féminine moderne (prenez Françoise Rey et Françoise Simpère pour exemples) il est rare de lire une allusion au goût du sperme. Autrement dit, on peut surmonter le jugement moral et s’adonner à la fellation + cunnilingus, mais pas question d’aller jusqu’à l’orgasme, ni d’en prendre trop avec les fluides sexuels. D’ailleurs, Christine Havrot signale que très peu d’hommes qui l’ont caressée avec la bouche sont allés jusqu’à même lui faire approcher l’orgasme ; comme s’ils avaient peur d’une éjaculation féminine ?

Je me reconnais bien dans les comportements décrits dans ces plaidoyers pour les saveurs du plaisir. Dans une de mes relations amoureuses, sur plusieurs années, je n’ai jamais eu de caresse « orale » partagée avec mon amante. Il m’a fallu longtemps pour oser goûter les fluides amoureux — comme un baiser de nectar mêlé de lait maternel et de sperme sur la langue d’une femme aimée…

(Pour les travaux pratiques, lire « Amanda »…)
Partager cet article
Repost0

commentaires

L
D' accord avec toi, Sînziana, sauf sur le goût : peut-être parce que je ne mange pas de yaourt ...
Répondre
S
Quel dommage de faire l'amour sans sucer, lécher etc. La bouche et la langue sont des organes tellement fluides et agiles, quel dommage de s'en priver. Enfin, chacun ses goûts. Quant au goût du sperme, il n'est pas pire que celui d'un mauvais yaourt de supermarché, et ça n'a aucune importance. Enfin, tout ça c'est que mon avis. Merci pour le lien et la pub et tout. Vous êtes tous trop gentil(le)s avec moi. Bises pleines d'amour.
Répondre

Ce Blog

  • : Fils invisibles
  • : Un loup gris partage les émotions, intuitions et désirs au fil de ses « voyages » d'amitié amoureuse.
  • Contact

Fonds De Tiroirs