17 février 2006
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« Les gens heureux sont chiants », écrit Nina avec son talent blogocréatif habituel. Putain, ya pas un(e) patron(ne) de presse pour lui offrir un job ? … Comment ça, trop honnête ? … La photo… Quelle photo ? Connard !
Toute une littérature bisou-bisoux et petits cœurs clignotants-gif-animés pour diabétiques du Web trouve sa raison d’être dans l’échangisme de bonnes manières. C’est chiant, sauf pour les auteurs et leurs proches, mais on n’est pas obligé d’y aller.
Le chiant dont parle Nina est plutôt le couple bien dans sa peau, aux heures de pointe, et vas-y que je te mets la langue, à bout de souffle en bout de quai. Soit ceux là se donnent en spectacle, soit ils nous renvoient l’image de la foule aveugle, indifférente ; car il y a longtemps que les Séraphine, Marie, Patricia ou Séverine ne viennent plus au « Point rencontre ». Je descends directement au métro, chouette j’ai gardé un ticket du dernier voyage, chiotte que cette valise est lourde :-(
Pourtant ça n’a rien à voir. J’ai été dans cette bulle, parfois, mon bel amour cœur à cœur. On oublie le lieu, le bruit, les gens, parfois son sac. J’ai imaginé une fois, pour me faire peur/plaisir, que tous mes collègues de bureau avaient contourné l’obstacle avec un regard désapprobateur. D’ailleurs c’est arrivé une fois pour l’une d’entre elles, gare de Lyon, je me marre. Mais ces pensées ne mènent à rien : je n’ai que le souvenir de lèvres très douces, de poitrines calfeutrées de laine et d’étreintes au seuil de la douleur.
Je me souviens aussi que, dans ces rares occasions, il était important pour nous de vivre ce moment « au milieu du monde » avec vue sur la mer si possible. Le monde n’était pas une population hostile, mais une marée qui s’écoulait autour de nous ; un vrai bain de foule, en quelque sorte.
C’est vrai, côté fleuve nous imaginons un périmètre de sécurité autour du couple indécent. Mais c’est nous qui le construisons, car eux sont venus chercher l’immersion. Alors, quand ce n’est pas de l’exhibitionnisme, et même si nous acceptons de leur accorder un regard autre que moraliste ou voyeuriste, pourquoi ce malaise ? L’image du bonheur ? Oui, mais après ? La rivalité ? Je voudrais être elle, lui… eux ?
J’ai mis du temps à comprendre qu’une relation amoureuse n’avait pas besoin de choisir son camp entre l’exclusivité et le papillonnage. Car on entend ça : de 20 à 30 ans on est supposé former un « couple uni », autrement dit refermé sur sa chambre à coucher, de 30 à 40 ça flotte un peu, petits flirts en catimini, puis à 40 ans (ou peut-être à 50 ?) les hommes sont pris par le « démon de midi ». Si c’est bien lui, le diable s’est trompé d’heure et m’a tiré du lit !
À côté de ces stéréotypes sociaux pour séries télévisées, je voudrais parler de la relation inclusive : celle qui me comble de joie, en ce moment, d’apprendre que Patricia n’a plus l’énergie de m’écrire parce qu’elle vit une belle histoire un peu folle avec Adrien. Lui, je n’ai pas besoin de le connaître pour aimer ce qu’il aime, car j’ai encore, inscrit sur les mains, le corps, la langue, le sexe, tout ce que je ressens lorsque Patricia m’ouvre sa porte. J’aime ce(ux) qu’elle aime et j’aimerais les serrer tous deux dans mes bras. Lui n’aimerait pas, tant pis, mais il n’y a aucune espèce d’obligation à aimer ceux qui vous aiment.
Dans un stage de tantra il y avait de longues séances où l’on pouvait danser en musique. Des couples se formaient mais cela n’avait rien à voir avec les (beurk) boîtes de nuit. Le but de l’exercice était de faire l’expérience de l’inclusivité au moins pendant quelques minutes, sans enjeu sexuel. Chacun, homme ou femme, allait donc vers la personne qui l’attirait le plus sur le moment, sans se préoccuper de savoir si elle était déjà « prise ». La seule règle était le consentement de la personne approchée. Les couples devenaient des triangles, des carrés, des grappes là où l’attraction était plus forte, mais sans raideur aucune. La séparation était des plus faciles puisque personne n’avait plus peur de se retrouver seul.
Dans ces jeux de rôles très agréables nous avons fait l’expérience, en raccourci, d’une polygamie bien vécue. Certes, les choses sont bien plus complexes quand on y inclut la fusion sexuelle, le désir d’enfant, le besoin de sécurité matérielle, les rêves de carrière ou de voyages, les grands sentiments que nous ont légués nos ancêtres, le fric, le pacs ou le mariage. Peu importe, il s’agit simplement de briser un interdit. J’ai souvent dit que la jalousie — cette face cachée d’une passion aliénatrice — était le poison de l’amour. Ici, je parle de passer à l’étape suivante : s’affranchir aussi de la rivalité. Du reste, pas besoin de stages mysticothérapeutiques pour cela, on peut faire les mêmes découvertes entre amis.
Après cela, je peux regarder le couple qui s’embrasse dans la rue, me nourrir un peu de leur bonheur, comme je jouis de l’odeur du café devant une brûlerie, ou du regard d’Adrien sur Patricia.
Le bonheur des autres me fait chier, mais le bonheur avec les autres met beaucoup de piment dans ma vie. (Je ne crains pas le piment.)
Toute une littérature bisou-bisoux et petits cœurs clignotants-gif-animés pour diabétiques du Web trouve sa raison d’être dans l’échangisme de bonnes manières. C’est chiant, sauf pour les auteurs et leurs proches, mais on n’est pas obligé d’y aller.
Le chiant dont parle Nina est plutôt le couple bien dans sa peau, aux heures de pointe, et vas-y que je te mets la langue, à bout de souffle en bout de quai. Soit ceux là se donnent en spectacle, soit ils nous renvoient l’image de la foule aveugle, indifférente ; car il y a longtemps que les Séraphine, Marie, Patricia ou Séverine ne viennent plus au « Point rencontre ». Je descends directement au métro, chouette j’ai gardé un ticket du dernier voyage, chiotte que cette valise est lourde :-(
Pourtant ça n’a rien à voir. J’ai été dans cette bulle, parfois, mon bel amour cœur à cœur. On oublie le lieu, le bruit, les gens, parfois son sac. J’ai imaginé une fois, pour me faire peur/plaisir, que tous mes collègues de bureau avaient contourné l’obstacle avec un regard désapprobateur. D’ailleurs c’est arrivé une fois pour l’une d’entre elles, gare de Lyon, je me marre. Mais ces pensées ne mènent à rien : je n’ai que le souvenir de lèvres très douces, de poitrines calfeutrées de laine et d’étreintes au seuil de la douleur.
Je me souviens aussi que, dans ces rares occasions, il était important pour nous de vivre ce moment « au milieu du monde » avec vue sur la mer si possible. Le monde n’était pas une population hostile, mais une marée qui s’écoulait autour de nous ; un vrai bain de foule, en quelque sorte.
C’est vrai, côté fleuve nous imaginons un périmètre de sécurité autour du couple indécent. Mais c’est nous qui le construisons, car eux sont venus chercher l’immersion. Alors, quand ce n’est pas de l’exhibitionnisme, et même si nous acceptons de leur accorder un regard autre que moraliste ou voyeuriste, pourquoi ce malaise ? L’image du bonheur ? Oui, mais après ? La rivalité ? Je voudrais être elle, lui… eux ?
J’ai mis du temps à comprendre qu’une relation amoureuse n’avait pas besoin de choisir son camp entre l’exclusivité et le papillonnage. Car on entend ça : de 20 à 30 ans on est supposé former un « couple uni », autrement dit refermé sur sa chambre à coucher, de 30 à 40 ça flotte un peu, petits flirts en catimini, puis à 40 ans (ou peut-être à 50 ?) les hommes sont pris par le « démon de midi ». Si c’est bien lui, le diable s’est trompé d’heure et m’a tiré du lit !
À côté de ces stéréotypes sociaux pour séries télévisées, je voudrais parler de la relation inclusive : celle qui me comble de joie, en ce moment, d’apprendre que Patricia n’a plus l’énergie de m’écrire parce qu’elle vit une belle histoire un peu folle avec Adrien. Lui, je n’ai pas besoin de le connaître pour aimer ce qu’il aime, car j’ai encore, inscrit sur les mains, le corps, la langue, le sexe, tout ce que je ressens lorsque Patricia m’ouvre sa porte. J’aime ce(ux) qu’elle aime et j’aimerais les serrer tous deux dans mes bras. Lui n’aimerait pas, tant pis, mais il n’y a aucune espèce d’obligation à aimer ceux qui vous aiment.
Dans un stage de tantra il y avait de longues séances où l’on pouvait danser en musique. Des couples se formaient mais cela n’avait rien à voir avec les (beurk) boîtes de nuit. Le but de l’exercice était de faire l’expérience de l’inclusivité au moins pendant quelques minutes, sans enjeu sexuel. Chacun, homme ou femme, allait donc vers la personne qui l’attirait le plus sur le moment, sans se préoccuper de savoir si elle était déjà « prise ». La seule règle était le consentement de la personne approchée. Les couples devenaient des triangles, des carrés, des grappes là où l’attraction était plus forte, mais sans raideur aucune. La séparation était des plus faciles puisque personne n’avait plus peur de se retrouver seul.
Dans ces jeux de rôles très agréables nous avons fait l’expérience, en raccourci, d’une polygamie bien vécue. Certes, les choses sont bien plus complexes quand on y inclut la fusion sexuelle, le désir d’enfant, le besoin de sécurité matérielle, les rêves de carrière ou de voyages, les grands sentiments que nous ont légués nos ancêtres, le fric, le pacs ou le mariage. Peu importe, il s’agit simplement de briser un interdit. J’ai souvent dit que la jalousie — cette face cachée d’une passion aliénatrice — était le poison de l’amour. Ici, je parle de passer à l’étape suivante : s’affranchir aussi de la rivalité. Du reste, pas besoin de stages mysticothérapeutiques pour cela, on peut faire les mêmes découvertes entre amis.
Après cela, je peux regarder le couple qui s’embrasse dans la rue, me nourrir un peu de leur bonheur, comme je jouis de l’odeur du café devant une brûlerie, ou du regard d’Adrien sur Patricia.
Le bonheur des autres me fait chier, mais le bonheur avec les autres met beaucoup de piment dans ma vie. (Je ne crains pas le piment.)