Un jour j’ai lu en salle d’attente du dentiste (je ne fréquente pas les coiffeurs) qu’une giclette d’homo erectus contenait assez de protéines, ou je ne sais quoi, pour subvenir au repas du soir d’une famille nombreuse. Sans doute l’info était-elle tendancieuse. Je soupçonne un mandarin en mal de pipe d’avoir cherché maladroitement à réhabiliter une pratique dénoncée par les féministes comme emblématique de la phallocratie triomphante.
Wikipedia en anglais est un peu plus prolixe à ce sujet que sa déclinaison française. Les deux mentionnent des trucs sympas, qui donnent envie d’en manger, comme le fructose et le sorbitol. (Ce dernier est un sucre inversé, recommandé aux diabétiques, qui donne cette sensation de fraîcheur lorsqu’on laisse fondre un carembar). De la vitamine B12 aussi : les pipeuses végétaliennes n’ont plus besoin d’en demander à la Biocoop…
Toutefois, si l’on en croit Wikipedia made in France, le sperme des coco-ricos ne contiendrait pas les lipides, acides aminés et prostaglandines généreusement fabriqués par les coco-ricains… C’est à se demander à quoi servent nos prostates hexagonales. Car ce sont les substances qui ont des chances de produire les fameux acides gras polyinsaturés à longues chaînes (DHA), notamment les omega-3 indispensables à la croissance et la survie de nos cellules cérébrales, en vente dans toutes les pharmacies.
Quid du foutre québécois ? Je veux bien croire que les virtuoses de la turlute adoucie au sirop d’érable bénéficient d’un régime exceptionnellement riche en DHA — suivez la surdouée Anne Archet sur ce terrain glissant…
Tous comptes faits, je crois que Wikipedia se trompe car les Français(es) ne sont pas en reste. Les « Joies de l’amour buccal » ont quand même suscité 74 commentaires, hier, hommes et femmes con-fondus… Nombreuses sont les jeunes femmes qui en ont assez de s’entendre dire que sucer leur partenaire les range dans la catégorie « putes et/ou soumises ». On ose dire enfin qu’on peut y trouver du plaisir, ce qui dépend pour beaucoup de l’attitude de l’homme qui reçoit cette caresse. (Mais cette condition ne vaut pas que pour la fellation.) J’écris « on » car il ne faudrait pas oublier que des hommes, aussi, aiment cela. (Pour la confidence, j’en reparlerai le jour où j’aurai essayé un homme à la saveur douce et salée.)
Nina n’y va pas avec le dos de la cuillère — d’ailleurs pas un accessoire indispensable à l’amour buccal. Au sujet de la fellation ou de positions comme la levrette, elle écrit :
— Mais des fois, je me demande dans quelles mesures le « féminisme » ne permet pas à certaines d’échapper à des pratiques qu’elles n'aiment tout simplement pas.Implacable dénonciation d’un ordre moral qui revient à la (dé)charge, par derrière ou par devant ! Mais je me permettrai de compléter en disant que c’est la réplique en miroir d’un machisme qui permet aux hommes de s’affranchir de qualités humaines comme la patience, la tendresse, l’écoute du désir de leur partenaire, au profit de démonstrations aussi vaines que ridicules de leur « virilité ».