15 avril 2006
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Petit clin d’œil à René Magritte (1898-1967), suite à un reportage aperçu hier soir aux infos de France 2 — je n’ai pas fait attention au prétexte.
Lui qui avait dit :
L’on me reprocha la rareté de mes préoccupations. Singulier reproche de la part de gens pour qui la rareté est signe de grande valeur.
L’on me reprocha encore beaucoup de choses et enfin de montrer dans les tableaux des objets situés là où nous ne les rencontrons jamais. Cependant, il s’agit là de la réalisation d’un désir réel, sinon conscient, pour la plupart des hommes. En effet, déjà, le peintre banal essaye dans les limites qu’on lui a fixées de déranger un peu l’ordre dans lequel il voit toujours les objets. Il se permettra de timides audaces, de vagues allusions. Etant donnée ma volonté de faire si possible hurler les objets les plus familiers, l’ordre dans lequel l’on place généralement les objets devait être évidemment bouleversé ; les lézardes que nous voyons dans nos maisons et sur nos visages, je les trouvais plus éloquentes dans le ciel ; les pieds de table en bois tourné perdaient l’innocente existence qu’on leur prête s’ils apparaissaient dominant soudain une forêt ; un corps de femme flottant au-dessus d’une ville remplaçait avantageusement les anges qui ne m’apparurent jamais ; je trouvais très utile de voir les dessous de la Vierge Marie et je la montrai sous ce jour nouveau ; les grelots de fer pendus aux cous de nos admirables chevaux, je préférais croire qu’ils poussaient comme des plantes dangereuses au bord des gouffres…
Quant au mystère, à l’énigme que mes tableaux étaient, je dirai que c’était la meilleure preuve de ma rupture avec l’ensemble des absurdes habitudes mentales qui tiennent généralement lieu d’un authentique sentiment de l’existence.