20 novembre 2005
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23:39
Elles navaient pas de réservation assise mais sont venues sasseoir en face de moi. Deux femmes dorigine africaine. La plus âgée soixante ans peut-être ? parle avec assurance et sétonne auprès dun autre voyageur que des billets sans place assise coûtent plus cher que les autres. La plus jeune ne dira rien pendant tout le voyage, mais elle attire mon regard.
Je ne saurais pas lui donner un âge. Quarante ans de visage, peut-être ? Mais son corps est étonnamment svelte, en désaccord avec mes clichés sur les femmes noires. Elle a de petits seins mis en valeur par un vêtement bien décolleté ; une peau très fine, en contraste avec la maturité quon prêterait à son visage. Je nai jamais eu damante aux lèvres si proéminentes, et dans un premier temps mon imagination (qui na rien dautre à faire dans ce TGV) piétine devant la perspective dun baiser. Et puis, dailleurs, pourquoi se faire du souci, les « Africaines » aiment-elles seulement embrasser ? Les clichés se bousculent pour mempêcher de savourer tranquillement les désirs et les interrogations que cette femme minspire.
Elle sest endormie après avoir feuilleté les pages publicitaires dun magazine. Sa main gauche posée sur la poitrine. Je la vois descendre lentement, se glisser en partie sous le décolleté. Daprès mes calculs basés sur lobservation du sein droit, lannulaire et le petit doigt sont à portée du mamelon, quils pourraient pincer. Mais ils ne bougent pas. Je surveille. Par contre, son pouce caresse amoureusement la clavicule. Je voudrais être cette main ! Je me pince à travers la chemise, pour sentir.
La voyageuse sans âge se détent, un sourire se dessine, sa lèvre inférieure sentrouvre, dévoilant la blancheur de ses dents et cette couleur rose qui, jen suis sûr, doit agiter le cerveau profond de tous les mâles de la planète. Sans doute ai-je peur des lèvres des femmes noires, comme dune terre inconnue, mais lindécence voluptueuse de ce sourire me fait oublier cette peur. Je réalise que les femmes qui ont croisé ma vie récemment ont aussi des lèvres charnues, et quelles aiment les morsures tendres parfois la lèvre supérieure, parfois linférieure, un jeu qui peut se prolonger à loisir.
Il se peut que, dans son sommeil, elle ait senti mon regard sur elle ; ou bien est-ce la température fraîche à la tombée de la nuit ? Elle sest réveillée et couverte dune écharpe de laine noire. Je replonge le nez dans Kundera.
Je ne saurais pas lui donner un âge. Quarante ans de visage, peut-être ? Mais son corps est étonnamment svelte, en désaccord avec mes clichés sur les femmes noires. Elle a de petits seins mis en valeur par un vêtement bien décolleté ; une peau très fine, en contraste avec la maturité quon prêterait à son visage. Je nai jamais eu damante aux lèvres si proéminentes, et dans un premier temps mon imagination (qui na rien dautre à faire dans ce TGV) piétine devant la perspective dun baiser. Et puis, dailleurs, pourquoi se faire du souci, les « Africaines » aiment-elles seulement embrasser ? Les clichés se bousculent pour mempêcher de savourer tranquillement les désirs et les interrogations que cette femme minspire.
Elle sest endormie après avoir feuilleté les pages publicitaires dun magazine. Sa main gauche posée sur la poitrine. Je la vois descendre lentement, se glisser en partie sous le décolleté. Daprès mes calculs basés sur lobservation du sein droit, lannulaire et le petit doigt sont à portée du mamelon, quils pourraient pincer. Mais ils ne bougent pas. Je surveille. Par contre, son pouce caresse amoureusement la clavicule. Je voudrais être cette main ! Je me pince à travers la chemise, pour sentir.
La voyageuse sans âge se détent, un sourire se dessine, sa lèvre inférieure sentrouvre, dévoilant la blancheur de ses dents et cette couleur rose qui, jen suis sûr, doit agiter le cerveau profond de tous les mâles de la planète. Sans doute ai-je peur des lèvres des femmes noires, comme dune terre inconnue, mais lindécence voluptueuse de ce sourire me fait oublier cette peur. Je réalise que les femmes qui ont croisé ma vie récemment ont aussi des lèvres charnues, et quelles aiment les morsures tendres parfois la lèvre supérieure, parfois linférieure, un jeu qui peut se prolonger à loisir.
Il se peut que, dans son sommeil, elle ait senti mon regard sur elle ; ou bien est-ce la température fraîche à la tombée de la nuit ? Elle sest réveillée et couverte dune écharpe de laine noire. Je replonge le nez dans Kundera.